Les trente glorieuses dans une vallée de montagne

EXPLORATION SONORE

Exploration sonore de la langue monégasque avec les étudiants de l'école d'art, Monaco


Est-il possible d'utiliser une langue comme matière première pour la création artistique ?

Est-il possible de le faire si on ne la parle pas et si on ne la connaît pas ?

La langue peut devenir un instrument de musique ou un outil d'expression tout en bénéficiant d'un statut exceptionnel : toute langue contient un monde, elle est constituée et constitue l'identité de ceux qui la parlent et l'habitent. Aucune langue n'a de centre, chaque langue vit et change chaque jour dans l'usage qu'en font cell.eux qui la pratiquent, ses frontières sont mobiles, poreuses à l'interaction avec d'autres langues.

Alessandro Bosetti, compositeur et artiste sonore italien basé à Marseille, propose un atelier d'exploration sonore de la langue monégasque.

Avec les étudiant.es de l'école d'art de la principauté, il explore les possibilités sonores et poétiques de cette langue, d'abord à travers une rencontre avec un territoire, ses habitants et ses communautés, puis en proposant une série de techniques et de stratégies pour manipuler la musicalité de la langue et introduire dans le processus artistique des stratégies inhabituelles telles que le polyglotisme, la traduction, le malentendu et l'analyse phonétique et spectrale de la parole.

L'atelier hybride différentes disciplines en utilisant des outils tels que l'enregistrement sur le terrain, le documentaire radiophonique, la composition contemporaine et la performance sonore.

Découvrant les particularités d'un territoire et un réseau de diversités cachées, les étudiant.es se perfectionnent dans l'utilisation de microphones, d'enregistreurs, d'appareils de montage et de traitement du son, ainsi qu'avec l'analyse linguistique et phonétique et les techniques de manipulation de la parole dans sa matérialité sonore, et rencontrent le travail de plusieurs compositeurs, musiciens et artistes sonores qui ont travaillé sur la spécificité sonore et la musicalité du langage, des langues et de la parole.

Ils s'interrogent également sur l'évolution du sens d'une œuvre artistique en fonction de la position et de la distance prises par l'artiste et sur les possibilités d'inclure des formes d'altérité ou d'indétermination dans son propre processus de création.

Comment écouter une langue ? Différentes postures possibles sont prises en considération : celle, interne, de quelqu'un qui est né dans une langue et qui, d'une certaine manière, l'habite et en défend la particularité. Celle, exoticisant, de celui qui projette un fantasme sur une langue inconnue, un monde imaginaire à explorer et parfois à conquérir.

Celle, contemplative, de ceux qui appréhendent la langue comme un objet esthétique, une musique, un signe abstrait avec lequel il est possible d'enchanter et d'être enchanté.

Peut-être plus que d'autres objets culturels, la langue est un prisme qui change selon l'angle sous lequel elle est observée, reçue, comprise.


PAVILLON BOSIO, École supérieure d’arts plastiques de la Ville de Monaco